Les bulletins paroissiaux de 1914

 

Bulletin paroissial du 1er mars 1914 - N°113

A la caserne - Vous avez remarqué aussi bien que nous , que depuis plusieurs semaines , bon nombre de jeunes soldats frappés par de terribles maladies , en ont été les victimes .  Ne manquez pas , chers parents de renouveler à vos chers enfants qui sont soldats , les conseils si sages que vous leur avez déjà donnés , avant le départ au régiment , en ce qui concerne toute maladie pouvant facilement devenir grave . 

Que ces chers soldats prennent bien toutes les précautions voulues , pour qu’au besoin , ils puissent recevoir la visite du prêtre , et les sacrements de l’Eglise .  Hélas, nous voyons chaque jour , dans les journaux, comment plusieurs soldats catholiques meurent sans pouvoir se réconcilier avec le Bon Dieu, parce qu’ils n’ont pas rempli en temps voulu les formalités nécessaires.  Recommandez-leur bien , chers parents , de porter chez Mr l’aumônier , la feuille préparée à cet effet, et qu’on leur a mise entre les mains avant leur départ de la maison paternelle - A propos de la visite ou des visites de Mr l’aumônier , nous avons appris avec peine , que dans une ville , pas très éloignée , où sont assez nombreux nos jeunes gens , pas un seul d’entre eux n’a le courage d’aller régulièrement trouver Mr L’aumônier.  Nous le disons à notre confusion.  Heureusement que par ailleurs, dans la plupart des garnisons, nos jeunes gens nous apportent consolation , en montrant plus de sentiments religieux. 

Conseil de révision : Ont été reconnus bons pour le service :

Henri Airiau, du bourg ; Henri Avrilleau , de la Grimaudière; Samuel Baudry de la Sécherie; Auguste Brenon , de Landefrère ; Léon Epiard de la Belle-Etoile ; Joseph Grelier de la Monière, Joseph Garnier, de la Couëratière ; Léon Guillet ,de la Monière ; Auguste Hilléreau, de la Favrie, J. B. Pavageau, de la Haute Blinière ; François Planchot, de la Vrignais; Joseph Robin, du bourg, Adolphe Vallé, du Loreau; Georges Vallé , du Loreau

Ont été ajournés:

Marcel Bénéteau, du bourg; Henri Dugast, de la Favrie; Paul Dugast , de la Sévetière; François Guillet , de la Merlatière ; Emmanuel Remaud , de Landefrère. 

A été exempté : Florent Vollard , de la Porcherie. 

Georges Biton , de la Barretière , et Auguste Ganachaud , de la Biretière, ajournés de la classe 1913, ont été ajournés une deuxième fois . 

Alphonse Bourmaud , de la Ménolière; Donatien Pogu , du bourg, et Frédéric Bossis , du Petite-Breuil-du-Faux, ajournés , ont été reconnus bons pour le service. 

 

Bulletin paroissial du 5 avril 1914 - N°118

Nos soldats: La plupart vont venir en permission dans les fêtes de Pâques, et en profiteront pour s’approcher de la Table Sainte.  Il seront bien aimables s’ils daignent venir au presbytère nous faire une petite visite.  Depuis le mois de novembre , plusieurs ont correspondu avec leurs prêtres, et nous les en remercions.  Mr l’abbé qui est spécialement chargé de l’oeuvre des soldats de la paroisse, serait très heureux d’avoir une correspondance régulière avec ces chers jeunes gens . 

Bulletin paroissial du 13 septembre 1914 - N°141

Nos soldats : La classe 1914 a été appelée sous les drapeaux, et immédiatement nos braves jeunes gens sont partis : Auguste Hilléreau, Joseph Grelier , Samuel Baudry , à Nantes; Joseph Garnier à Langres ; Auguste Guillet à Chaumont ; René Bourdet , Georges Vallé , Adolphe Vallé , Norbert Poulain , à la Rochelle ; J. B. Pavageau , J. B. Peneau , Donatien Pogu , Auguste Brenon , à Libourne, Léon Epiard à Brest ; Henri Avrillaud à Luçon , Henri Airiau à Lorient ; Alphonse Planchot à La Roche sur Yon ; Freuchet domestique à Tunis . . . . . . 

Bulletin paroissial du 20 septembre 1914 - N°142

Nos soldats : Touchante et chrétienne lettre d’un réserviste à sa femme: "Il ne faut pas te faire de chagrin . Mes frères et mes camarades sont bien partis, pourquoi moi resterais-je de préférence aux autres ? Puisque Dieu l'a voulu , eh bien! je partirai.  Ce matin, je suis allé à la messe , je me suis confessé , et j’y ai fait la sainte Communion ; maintenant je suis fort et Dieu fera de moi ce qu’il voudra . " P. D.  (Pierre Déramé des Grimaudières)

D’un autre réserviste : "Ce matin j’ai été heureux d’avoir pu aller à la sainte Communion.  La messe était à 4 h1/2 , et l’officier dont je suis l’ordonnance, devait monter à cheval à 5 h. 1/2 . Il y avait à se débrouiller. . . . . La barbe nous pousse fortement, ce qui nous donne l’air de 40 à 50 ans.  Ce n’est cependant pas gênant , et j’ai l’espoir de retourner au pays avec toute ma barbe pour vous étonner davantage".  L. J. 

Bulletin paroissial du 27 septembre 1914

Nos soldats : "Depuis deux semaines je suis tous les jours sous la pluie des balles.  Dans la même journée, j’ai été 3 fois au feu, et à un assaut à la baïonnette.  Mais Dieu a su me préserver ; je n’ai eu aucun mal.  De mon escouade, nous sommes partis cinq ensemble, j’ai retourné tout seul.  Mon képi a été percé par une balle, mais j’en ai été quitte pour la peur.  S’il faut donner sa vie, c’est pour la France. " H. V. 

"Chers parents, grâce à Dieu, je ne suis pas mort, mais j’ai reçu le baptême de feu.  C’est le 28 août que nous nous sommes battus.  Pas de mort à la batterie de chez nous, seulement 4 blessés.  Nous allons au feu avec le sourire sur les lèvres et nous retournons à la garde de Dieu . J’ai une confiance sans borne, car le dernier jour que nous nous sommes battus on a crié au miracle.  Voilà : mon canon m’a passé sur les deux jambes, et je me suis relevé sans une égratignure.  Dites à Mr Curé de prier pour ses soldats qui sont fidèles à leurs serments, et braves comme des lions . 

Chers parents, ne soyez pas comme ces gens du Nord qui s’enfuyent quand l’ennemi est à 80 km. . 

Quand on voit une bande de fuyards comme j’en ai vus , ça vous met la mort dans l’âme!

Pour vous, ne vous désolez pas.  A la batterie nous nous sommes jurés que si l’un de nous meure ou est blessé, nous le remontons avec nous. . .  Nous n’avons pas vu de bourg depuis 10 jours.  Dites à Julien G.  qu’en 70 il n’a jamais vu de combat comme celui que nous avons livré les 27,28 et 29 août. " P. D. 

Bulletin paroissial du 4 octobre 1914 - N°144

Nos prêtres à l’armée - Un aumônier militaire donne ces détails émouvants sur son ministère auprès de nos soldats:

Comme il est beau, le rôle du prêtre dans cette fournaise ! J’ai déjà donné des centaines d’absolutions aux gars de France mourant loin des leurs.  J’ai essayé ,comme j’ai pu , de sécher leurs larmes et de leur faire entrevoir les cieux.  On s’habitue à voir des souffrances atroces, des plaies hideuses, et l’on s’efforce quand même d’être doux comme une mère.  Que de confidences , que de souvenirs émus que l’on garde!

Avant-hier , nous arrivons dans un village; la lutte a été effroyable.  Des centaines de blessés sont entassés dans les granges. . . . . impossible d’entrer, c’est la nuit obscure; quelques mots à ces malheureux pour leur dire que je suis prêtre.  Plusieurs me remercie avec effusion.  Je leur parle de Dieu qui les aime, qui comptent leurs souffrances, qui a souffert lui-même pour leurs péchés, à ces malheureux , je donne une absolution générale.  A l’entrée d’une grange, un blessé est couché: il me serre la main avec effusion, fait signe qu’il veut écrire et, sur mon carnet, de sa main défaillante, au milieu d’éclaboussures de sang, écrit ces mots émouvants , pieux souvenir , pour moi, d’une nuit tragique:"Vous m’excuserez, je ne puis pas parler. . . . . j’unis ma souffrance à Jésus et Marie. . . . Merci. 

Oh !Ne m’oubliez pas!" C’est sublime, n’est-ce pas? Et c’est dans cette atmosphère que je vis les heures les tristes, mais les plus réconfortantes de ma vie. 

Nos soldats D’un blessé: "je vais vous dire comment mon accident est arrivé. C’est en Belgique, 22 août, que mon Régiment est allé au feu pour la 1ère fois. Nous avons été pendant cinq heures sous un feu continuel d’obus et de balles; aussi je croyais bien à chaque instant, rester sur le champ de bataille; mais le Bon Dieu en avait décidé autrement .  Notre régiment avait été assez atteint; nous avions 31 blessés ou morts. Nous ne vimes plus l’ennemi avant le jeudi suivant: mais nous commençames de bonne heure et je vous assure que ça dégringolait dans notre bataillon. Le commandant a été tué, et la plupart des officiers blessés; notre compagnie était réduite à pas grand chose, sans cependant beaucoup de tués, mais beaucoup de blessés. Au contraire les Alboches ont beaucoup plus de tués que de blessés; néanmoins cette sale race , c’est comme les mauvaises bêtes , plus on en tue, plus il y en a . . . . Pour en finir, c’est le jeudi soir , vers 4 h , j’étais couché derrière un petit tas de terre, quand tout à coup je ressentis un coup terrible de mon côté gauche , comme si j’avais été frappé avec un gros morceau de bois.  Je me relève, j’enlève mon sac, et je ne trouve aucune trace de sang. Néanmoins je me mets en marche pour aller rejoindre les ambulances, et j’avais une peine terrible à marcher .  Je croyais que j’avais toutes les côtes brisées.  Cependant le lendemain nous primes le train, et après 54 h de chemin de fer et beaucoup de souffrances , nous sommes enfin arrivés à Châtaudun.  Là nous sommes soignés admirablement par des soeurs qui se dévouent entièrement à notre service .  Ce qui m’a frappé en entrant à l’hôpital, c’est quand les soeurs demandaient aux soldats de quel pays ils étaient. Pour moi j’ai répondu que j’étais de la Vendée; alors elles étaient heureuses, ces chères soeurs, et s’écriaient : Ah! les braves Vendéens! C’est vous dire que la Vendée est un pays qui n’est pas détesté par les braves gens. 

Maintenant, pour en revenir à la guerre, on peut dire que c’est un grand fléau, le plus grand peut-être que l’histoire n’ait jamais enregistré. Mais aussi la Providence l’a peut-être permis pour remuer les coeurs endurcis. Ainsi dans les villes, on dit qu’il y a beaucoup plus de personnes qui assistent aux offices, priant pour les victoires des armées françaises .  Je puis vous dire que c’est de tout notre coeur que nous prions, nous autres aussi à l’hôpital, à ces même intentions. . . . Un fait qui se produit dans la plupart des hôpitaux, se produit ici en ce moment. Beaucoup de soldats arrivant du Nord ou du Midi de la France , qui chez eux, ne mettaient pas souvent les pieds à l’église sont heureux d’assister aux cérémonies en la chapelle de l’hôpital. Espérons que , de retour chez eux, ils s’en souviendront . 

Bulletin paroissial du 11 octobre 1914 - N° 145

Nos soldats : Les Alboches brûlent tout sur leur passage. Ils se voient perdus, et c’est pour cela que tous ces sauvages violent toutes les lois de la guerre. Quand , après la bataille, nous allons ramasser les blessés, ces hypocrites d’Allemands crient : Vive la France, et envoient des baisers à nos brancardiers; mais dès que ceux-ci sont partis , ils tâchent de se ramper pour tirer sur nos ambulanciers. Aussi les officiers ont-ils beaucoup de peine à empêcher nos fantassins de passer leurs baïonnettes dans le ventre de ces maudits Allemands .  A propos si vous voyiez ces charges à la baïonnette, ces prises d’assaut par nos fantassins! c’est merveilleux. Ainsi, samedi dernier , 2 fantassins montaient à l’assaut d’une tranchée de terre derrière laquelle il y avait des Allemands.  L’un d’eux tombe mortellement blessé , et se voyant perdu , il crie à son camarade, en lui tendant son porte-monnaie: "J’ai 500 fr , prends- les vite , car les allemands vont venir me les prendre cette nuit. " "Je n’ai pas le temps , répond l’autre , et abandonnant camarade et argent , il se dirige vers la tranchée , où il reçoit dans l’épaule , un gros éclat d’obus, mais sans trop de mal .  Il avance sur un commandant prussien , et lui passe la baïonnette à travers le corps , quand un nouvel éclat d’obus lui traverse l’épaule .  N’importe : si vous aviez vu comme il était heureux de son coup, et de pouvoir rapporter le casque à pointe de l’officier prussien!. . . Que de coups de ce genre! Chaque fantassin que l’on trouve nous émerveille en nous faisant part de ses prouesses . 

A l’heure où je vous écris, on n’entend que des coups de canon .  Union de prières toujours , et confiance en N. D.  des Armées qui ne laissera pas impunie la sauvagerie allemande. Vive Dieu, vive la France !

Depuis le 14 septembre, nous refoulons des Boches. Nous sommes aux alentours de Reims en feu, de la plus belle Cathédrale de France, pleine de souvenirs : baptême de Clovis , sacre de tous les rois de France.  Il n’en reste que les murs. C’est affreux .  Les Anglais sont avec nous ; ils ne savent pas reculer, de même que les sénagalais . Notre pauvre France sortira victorieuse grâce à nos canons de 75, et à l’aide des puissances alliées ; mais elle a beaucoup payé, car nos fantassins ont eu de grosses pertes . Il y aura encore du sang versé; continuez donc à prier pour elle et ses enfants qui chaque jour tombent par milliers sous les coups des allemands . . . . . 

Mes blessures?Ce n’est rien . Une légère cicatrice à la tête, et une petite contusion dans le dos, guéries depuis longtemps.  Mais pouvais-je être écrasé? N. D.  des Armées veillait sur moi . 

Je me suis confessé avant-hier, à M. le Curé de Méault , à 20 km d’Amiens. Hier dimanche j’ai communié spirituellement en union avec vous tous . Prions beaucoup les uns pour les autres, et le Bon Dieu , nous bénira.  Th.  R. (Théophile Richard)

 

Bulletin paroissial du 18 octobre 1914 - N° 146

Sépultures : Le 14 octobre 1914 , le corps de Lucien Hervouet , de Landefrère , soldat , décédé à l’hôpital de Niort , des suites de ses blessures . 

Nous avons reçu notification officielle de la mort de Henri Brechet, soldat âgé de 22 ans , tombé au champ d’honneur ; le 30 août ; - celle de François Bossard , soldat de 22 ans décédé des suites de ses blessures , le 15 septembre , à Mourmelon - Le - Grand ( Marne)

 

Nos soldats: De la Marne"Que c’est triste de voir plusieurs églises qui ont été détruites entièrement par les boulets de canons français ou prussiens.  Dans celle de Mailly qui se trouve entre les deux armées ennemies , on n’y remarque plus que la statue de Jeanne d’Arc et celle du Sacré Coeur .  La semaine dernière, j’ai été à la messe à Plouan .  Nous étions 5 artilleurs et moi , et c’était bien navrant de voir le pauvre curé seul , accompagné d’une vieille religieuse qui répondait la messe.  Les habitants étaient à peu près tous partis , et heureusement pour eux , ils ont pu ainsi sauver leur vie .  Maintenant ils commencent à retourner .  Mais ils trouvent tout saccagé et pillé par les Alboches . Oh! Que c’est terrifiant de voir et d’apprendre toutes les misères et toutes les orgies qu’ils ont fait endurer aux pauvres gens qui étaient restés!" L. J. 

De Brive " Cher M. Le Curé , Le champ de bataille , ce n’est pas l’endroit où on peut facilement penser à la correspondance .  Le matin on a juste le temps de mettre sa journée sous la protection de Dieu , et en avant , toujours sous le bruit des canons allemands qui ont fait ces jours derniers tant de blessés , parmi lesquels je me trouve .  J’ai reçu deux éclats d’obus l’un à la tête , l’autre çà une jambe , mais tous les deux sans gravité . J’espère qu’avec les bons soins que nous recevons des personnes dévouées de la ville de Brive , je serai rétabli d’ici peu de temps . 

Il paraît qu’on va nous accorder quelques petites convalescences .  Si c’était vrai ! Je me ferais un plaisir d’aller à Saint Philbert pour vous remercier de vos prières et de la petite médaille du scapulaire que je conserverai toujours précieusement .  Je vous remercie M. le Curé , des voeux que vous avez formés pour moi .  Je tâcherai toujours de faire mon devoir de bon chrétien et de bon français . Je suis heureux de pouvoir de ce temps-ci assister tous les soirs au chapelet et à la bénédiction du S. Sacrement . 

On m’a annoncé la perte de quelques uns de nos jeunes gens de St Philbert . C’est bien pénible d’aller si loin pour trouver la mort; mais en revanche , c’est un honneur de mourir pour la défense de la Patrie . 

Au revoir M. le Curé ; je termine avec l’espoir de trinquer avec vous en l’honneur du triomphe de la France et du chambardement de l’Allemagne, comme vous me l’avez déjà annoncé . 

Un soldat de S. Philbert qui combat pour la France et pour Dieu .  H. J. 

 

Bulletin paroissial du 25 octobre 1914 - N°147

Nos soldats : "C’est dans le souvenir et la prière que je trouve le courage pour éloigner la peur en présence de l’ennemi , ou pour la surmonter quand je suis surpris .  C’est instinctif ; quand on est en batterie ou en position d’attente , et que le silence des canons nous laisse oisifs ou rêveurs , le premier obus qui arrive précédé d’un sifflement sinistre , nous donne un peu le trac : mais on se ressaisit vite , et c’est alors que l’on fait une fois de plus le sacrifice de sa vie , et que l’on se prépare, tout en luttant, à paraître devant le Grand Général .  Ce sont des heures d’angoisses mais douces quand même : quand on porte Dieu dans son coeur , on ne capitule jamais .  Chaque matin , dans la communion spirituelle , je m’unis à vous et à tous ceux qui prient pour moi . 

De Chalons , nous avons été conduits , par Reims , Soissons et Compiègne , à Amiens , et ca sans combattre , afin de prendre les Allemands où nous sommes maintenant.  Mais hélas ! Le plan a été connu de toute la troupe allemande , car un lâche soldat français , fait prisonnier à Compiègne , a dévoilé notre plan , et nous avons rencontré en arrivant à Albert , des forces bien supérieures à celles que nous devions trouver .  Si les Allemands ne tuent pas ce traître , il sera fusillé à son tour en France , si jamais il revient . 

Dans l’artillerie nous ne sommes pas si exposés que dans l’infanterie, et nous ne souffrons pas trop du ravitaillement qui se fait assez régulièrement depuis quelques jours .  Pour vous prouver que nous ne sommes pas trop mal par moment , je vous dirai qu’aujourd’hui , nous avons passé une partie du temps à jouer à la manille aux enchères .  Hier soir, nous avons cantonné à l’abri , dans le foin .  Excellente nuit .  Nous avons entendu une fusillade d’infanterie , qui a été bien nourrie , et qui a duré de 9 à 11 heures. Les mitrailleuses ont aussi parlé, et on croit que ce sont les Anglais et les Sénégalais qui ont pris un fort occupé par les Allemands .  Ce matin , nous nous sommes reportés un peu en avant , à Bézane , à 5 ou 6 kilomètres .  Vous ne doutez pas quel bonheur j’ai eu ! Nous sommes à côté d’une église et c’est là que j’ai fait une prière pour vous .  Mon bonheur aurait été plus grand si je n’avais pas craint le départ des batteries .  J’aurais pu assister à la messe , et si j’avais été à jeûn, oh ! quel bonheur c’aurait été pour moi ! C’est surtout lorsqu’on est privé de quelque chose , qu’on en éprouve le plus le besoin ; et surtout quand on est privé du plus doux , du plus grand des bienfaits : se nourrir de Dieu lui-même , du pain des Anges ! Communiez pour moi , vous qui pouvez le faire sacramentellement . "

 

Bulletin paroissial du 1er novembre 1914 - N°148

Nos conscrits - Les jeunes gens de la classe 1915 ont passé le conseil de révision lundi dernier, à Montaigu.  Ont été jugés bon pour le service : Alphonse Baudry , Eugène Baudry , Auguste Bouaud , Eugène Bourdet , Ernest Charrier , Emile Egron , Gabriel Forget , Aristide Goillandeau , Charles Gris , Armand Hervouet , J. B. Hervouet , Joseph Honoré , Pierre Moreau , Théophile Pavageau , Léon Peignon , Eugène Pichaud , Jean-Marie Piessalas , Joseph Rambaud , Charles Roy , Lucien Roy , Jean-Marie Tenaud , Joseph Valton . 

Alphonse Fisson , Léon Ganachaud , et Lucien-Auguste Corbineau ont été ajournés. Emmanuel Airiau a été exempté . 

Lucien Hervouet .  Voici les renseignements que nous avons reçus de "l’union des femmes de France" du comité de Niort , au sujet de Lucien Hervouet de Landefrère .  Venant de la région de Roye , où il s’était battu courageusement , comme tout son régiment , le 137è de Fontenay-Le - Comte , il était entré à l’hôpital de Niort le 1er octobre .  Blessé grièvement au bras droit , il souffrait beaucoup , et les médecins , après examen de la blessure , reconnaissant que la balle schrapnell qui l’avait frappé , était encore dans la place , résolurent de l’extraire.  C’est quelques jours après cette opération , au moment où il commençait à moins souffrir et où on pensait à le voir rentrer en convalescence , que Lucien Hervouet ressentit les premières atteintes d’un mal qui ne pardonne jamais . C’était le 8 octobre .  Le lendemain , son état s’aggravait : on fit prévenir sa famille , et le 10 octobre , le malade avait la consolation d’embrasser sa mère et sa soeur .  Dans la journée , il s’était confessé à Mr l’archiprêtre de Niort, et avait reçu les derniers sacrements avec une confiance et une résignation très chrétienne .  Plusieurs fois on l’entendit murmurer entre les dents qui se serraient de plus en plus : "Mon Dieu , je meurs , Mon Dieu prenez moi " :et Dieu exauça sa prière le dimanche soir 11 octobre vers 7 h . 

Une première cérémonie religieuse a été célébrée en l’église de Niort , et la sépulture du cher défunt a eu lieu à St Philbert de Bouaine le mercredi soir 13 octobre .  Au milieu d’une nombreuse assistance , on fut heureux de remarquer la présence des membres du conseil municipal. 

 

Bulletin paroissial du 8 novembre 1914 - N°149

Décès : Nous avons appris avec regret la mort de Louis Huchet de la Morlière, et de Eugène Honoré du Petit Paradis , tous deux tombés au champ d’honneur . 

Pour les blessés et les combattants : - Les habitants de St Philbert , au coeur si sensible, ont été des premiers à s’intéresser au sort de nos pauvres blessés .  Trois quêtes ont été faites à peu d’intervalle les unes des autres , et ont rapporté environ : le première 900fr , la seconde 105 fr, la troisième 600 fr . Ajoutons qu’une partie de ces sommes d’argent a été employée à acheter , dans la localité , de nombreux mètres d’étoffe pour confectionner des habits d’hiver à nos malheureux soldats obligés de passer de longues nuits dans ces affreuses tranchées inventées pour le besoin de la guerre Puis , grâce au prompt travail de personnes généreuses et dévouées , on a pu , dans quelques semaines seulement , confectionner 34 paquets de vêtements bien chauds , chaque paquet contenant : une chemise , une flanelle , deux paires de chaussettes , une ceinture de flanelle et une serviette .  A chacun de ces paquets on a ajouté une paire de chaussons et une savonnette .  De plus , on a acheté dans toutes les épiceries du bourg , une quantité de pelotes de laine , et nos braves écolières se sont mises aussitôt à l’ouvrage avec un entrain admirable , pour tricoter des chaussettes aux petits soldats de France . 

Tant de dévouement de la part de ces chères enfants , et des inlassables quêteuses , et des nobles dames qui ont organisé cette oeuvre de charité , et de tous les donateurs , ne manquera pas d’attirer sur notre paroisse , de nouvelle et nombreuses grâces . 

 

Bulletin paroissial du 15 novembre 1914 - N°150

Décès : Nous avons appris avec regret , mais non officiellement , la mort de Paul Nicoleau , de la Favrie , tombé au champ d’honneur . 

 

Nos soldats : Ont été blessés : Armand Bonnin du Chiron des Landes , à la tête ; Auguste Hervouet de Landefrère , à une main ; Henri Jaunet du Cou , à la tête et à une jambe ,; Augustin Dugast de la Sévetière , à un côté ; Pierre Marchais de la Dronière , au cou ; Eugène Naulin du Cou , à une jambe; Jean Baptiste Corbineau de la Rossignolière , à une épaule ; Auguste Pageot de la Bouanchère, à une jambe , Lucien Pichaud de la Côte , à une épaule , Henri Vaidy de la Roulière , à un doigt ; Edmond Chauvet du Temple , à une épaule , Alphonse Rigaud de la Monière , à une jambe ; Auguste Hilléreau de la Noue-Morin , à une jambe , Henri Baudry de Landefrère , à la main gauche; J. B Durand de la Flomanchère , à un doigt ; Joseph Epiard de la Pierre Blanche , au dos ; Alphonse Garreau de Landefrère , à une épaule ; Camille Barreau du bourg , à une épaule , Henri Garreau du bourg , à une jambe , Emile Naulin de la Mercière , à un bras , Auguste Mandin du bourg à un genou . 

Sont morts : Henri Brechet de Magenta , tombé au champ d’honneur le 30 août ; François Bossard de la Chevronière , tombé au champ d’honneur le 25 septembre ; Lucien Hervouet de Landefrère décédé à l’hôpital de Niort , le 11 octobre des suites de ses blessures ; Louis Huchet de la Morlière , tombé au champ d’honneur le 27 août ; Eugène Honoré du Paradis , tombé au champ d’honneur le 10 septembre ; Paul Nicoleau de la Favrie , tombé au champ d’honneur le 24 août . 

Sont disparus : Georges Dugast du bourg ; Joseph Lefort de la Sécherie ; Lucien Volard de la Porcherie , Philbert Hégron de la Blinière , Armand Bossis du bourg , Henri Pipaud de la Couëratière , Bureau de la Paquetière , Léon Coislier de l’Aurière . 

Sont prisonniers : à Erfurt , Léon Bretin de la Sécherie , Emmanuel Gris du Chiron de Beaulieu , Achile Hervouet de la Favrie - A Cologne , Léon Dugast de la Noue-Morin , Léon Hervouet de Landefrère - A Quedlinburg , Donatien Gris du Chiron de Beaulieu ; - a Ohrdruf , Emile Dugast de la Sécherie - à Cassel , Eugène François ; - A Friedberg , Alphonse François - A Nuremberg, J. B François , tous les 3 de Beauchamp. 

Prière de nous signaler les erreurs ou les oublis . 

 

Bulletin paroissial du 22 novembre 1914 - N° 151

Décès : Nous avons appris avec regret la mort de Constant Pipaud de la Gerbaudière , tombé au champ d’honneur le 9 octobre à Melle (Belgique) ; et celle de Georges Dugast du bourg , tombé au champ d’honneur le 22 août , à St Vincent en Belgique . 

Nos réfugiés : -Ils sont au nombre d’une cinquantaine , venus des départements du Nord de la France et de la Belgique .  Après un voyage très mouvementé , rempli de souffrances et de périls , car le bateau qui les conduisait a manqué de sombrer sur les côtes de l’Océan , ils ont été dirigés vers Saint Philbert de Bouaine , où ils ont trouvé enfin le repos et la consolation .  La plupart d’entre eux ont été logés dans les maisons du bourg ; une seule famille venant de Roulers et ne parlant que flamand , a été dirigé vers le Gué-Bifou , où elle a trouvé une habitation très confortable , dans la propriété de Mr Briau .  La population de St Philbert s’est montrée vraiment chrétienne et charitable envers tous ces chers réfugiés , et compatissant à leur misère, leur a apporté nourriture et vêtements en quantité plus que suffisante pour subvenir à tous leurs besoins . 

Aussi avons-nous été fiers et heureux d’entendre ces chers réfugiés dire maintes et maintes fois : "Nulle part ailleurs nous n’avons été aussi bien reçus qu’à St Philbert de Bouaine , relativement aux autres endroits , c’est ici un paradis" .  . . . . (. . . )

Nos soldats : Ont été blessés : Lucien François du bourg , à une main ; Alfred Chagneau du bourg , à une jambe ; Gabriel Epiard du Cou , à une épaule , à une jambe et en deux autres endroits , mais très légèrement . 

 

Bulletin paroissial du 29 novembre 1914 - N°152

Nos soldats : (d’un artilleur) C’est aujourd’hui dimanche .  Un prêtre , servant au 28ème d’artillerie , a célébré la messe ; sans soutane , mais une aube , sa culotte d’artilleur , et ses gros souliers . Voilà toute la tenue .  Le maréchal de logis de Joannis servait la messe .  Je n’ai pu y communier , car ayant pris la garde le matin à 6h, j’avais également le "jus" .  Je me suis contenté de la communion spirituelle .  Ne manquez pas de communier ainsi spirituellement chaque matin en unisson avec moi .  Cela vous donnera force et courage pour supporter vaillamment le surcroit de travail que vous impose la guerre ; et si un jour vous apprenez ma mort , vous serez plus fort, mes bien-aimés , pour supporter la douleur que ma disparition vous causera . 

Jusque là , la mort n’a pas voulu de moi .  Peut-être que demain je deviendrai sa proie si Dieu le permet .  Je ne la demande pas , mais je ne la crains pas , car elle me trouvera toujours prêt à paraître devant le Grand Juge .  Il y a 20 minutes , deux gros obus allemands que nous appelons crapouillots, sont venus tomber à 200 m de moi . 

Chose assez bizarre , c’est presque toujours le dimanche qu’on lieu pour nous les plus grandes batailles.  Toute la matinée , le canon a tonné .  Il est 2h1/2 ; vous êtes au vêpres , et nous , nous sommes en train de tuer des Allemands . Pour le moment ça va bien et sûrement nous aurons le dernier mot . Il y aura beaucoup de familles en deuil au sortir de cette guerre affreuse , et la France si coupable aura expié , je l’espère , tous les crimes qu’elle a commis en faisant la guerre à la religion au lieu de préparer la guerre qui nous mine en ce moment.  Bénissez Dieu d’habiter loin du théâtre de cette guerre, car ici les pauvres gens sont bien à plaindre . 

Il y a plus de 3 mois que j’ai reçu le baptême du feu .  Si je ne savais pas ce que c’était la guerre , je l’ai appris depuis , et j’en ai vu de toutes les couleurs.  Récemment encore , dans la nuit de mercredi à jeudi , l’ennemi s’est avancé en grand nombre et en colonnes serrées pour tomber sur nos fantassins.  Mais , allume ta pipe , et à la pompe ! Ils sont tombés sur des fils de fer enlacés en avant des troupes . Aussitôt dame la mitrailleuse et les fusils ont fait tant et si bien , qu’apprenant à vivre à ces sauvages , ils en ont f.  500 sur le terrain .  Quelle hécatome ! Chez nous 2 ou 3 blessés et c’est tout.  Si nous avions su faire la guerre quand elle a commencé , nous aurions bien des milliers d’hommes de plus que nous avons . 

Enfin ce qui nous console c’est de pouvoir assister assez souvent à la sainte Messe .  Vous ne saurez jamais combien c’est bon ces messes si près du champ de bataille , où tant de braves trouvent chaque jour la mort .  Le bourg de Colincamp possède une petite église qui fut l’autre jour beaucoup plus étroite pour contenir tous les soldats , lesquels n’ont pas oublié qu’ils ont Dieu et la France à servir .  C’était vraiment impressionnant , car le canon grondait à 2 ou 300 mètres, sans relâche, et faisait trembler les vitraux à chaque coup.  Le Credo, l’O salutaris , le cantique à la Sainte Vierge "Catholiques et Français toujours" , tout cela rendait heureux et laissait un souvenir impérissable . 

Les voix puissantes , plus ou moins justes qui sortaient vibrantes de ces poitrines militaires , ont sûrement été agréables au Bon Dieu .  Après la messe , comme je me trouvais près de la Sainte Table, le bon Curé de Courcelle m’a demandé de quel pays nous étions. "De Bretagne et de la Vendée"ai-je répondu.  - "De la Bretagne et de la Vendée, a-t-il repris ! oh que c’est beau ! "Il levait les yeux au ciel et semblait dire : Que je voudrais être de votre pays !Th. R. . (Théophile Richard)

 

 

Bulletin paroissial du 6 décembre 1914 - N°153

Messe de départ - Elle a eu lieu lundi dernier . Tous nos jeunes conscrits (au nombre de 26) , y ont assisté avec piété , et bon nombre y ont fait la sainte communion .  Après le chant du cantique traditionnel , M. le Curé , leur a dit un mot du coeur , et a distribué à chacun d’eux la médaille du Scapulaire le livre du capitaine du Capitaine Magniez "Sois bon soldat" . Après la bénédiction du S. Sacrement , ces chers jeunes gens se sont rendus au presbytère , et ont fait leurs adieux à leurs prêtres , les assurant de leur fidélité à la vie chrétienne .  C’est de tout coeur que nous avons trinqué à la santé de ces chers enfants, et au succès de nos armes françaises . 

 

Nos soldats - M.  le Curé , C’est à 2 km de la petite ville d’Albert que j’ai été blessé .  Maintenant , je suis à l’hôpital de Broons , en le département des Côtes du Nord , dans une belle communauté d’où les pauvres soeurs ont été chassées au mois de mars dernier . Elles sont cependant retournées pour soigner les pauvres blessés .  Nous avons la chapelle à deux pas , où nous pouvons aller à toute heure du jour . Aussi tous les malades qui peuvent marcher , y vont tous les soirs à 4h1/2 pour l’exposition du S. Sacrement . Enfin , M.  le Curé , nous sommes très bien soignés par les Soeurs.  Je ne puis m’empêcher de vous parler de cette guerre si terrible qui plonge tant de familles dans le deuil , et de ces douleurs affreuses qui sur le champ de bataille font pousser des cris horribles aux malheureux blessés .  Mais malgré toutes nos misères et toutes les forces de l’ennemi , nous espérons remporter un jour la grande victoire .  H. V. 

(d’un brancardier ) M.  le Curé , Aujourd’hui nous avons été trop heureux de pouvoir aller à la messe et aux vêpres .  M. l’aumônier n’a pû dire sa messe dans l’église parce qu’elle est remplie de blessés ; alors il a dit la messe en plein air .  Nous y étions à peu près tous , et même accompagnés de nos officiers .  On a chanté très longtemps des cantiques , et les chants étaient conduits par trois de nos camarades , tous trois abbés , dont l’un est M. Blineau , professeur à Nantes , de la famille de Bachelier du bourg , et des Guibert qui étaient autrefois à la Lardière .  - Les brancardiers ne sont pas sur la ligne de feu : mais souvent les obus ne tombent pas loin d’eux .  Hélas ! nous avons tous les jours beaucoup de blessés et même depuis quelque temps bon nombre de morts , victime de la maladie ou du froid , environ une quinzaine par jour .  Une petite sépulture leur est faite , et une croix est mise sur chaque tombe .  Eug.  D. 

 

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et qui est au dessus de toutes les calomnies et bruits tendancieux lancés par des causes intéressées . 

Il est à signaler que MM.  Decré les sympathiques propriétaires sont sur le front, mobilisés en qualité de Capitaines . 

 

Bulletin paroissial du 13 décembre 1914 - N°154

Décès - Nous avons appris avec regret la mort de Armand Augereau de la Richardière , soldat territorial , décédé le 16 novembre à l’hôpital de Villers-Cotterets , département de l’Aisne . 

 

Nos soldats - Chers parents , j’ai eu comme vous le bonheur de faire ma Toussaint , mais non dans une église .  C’est au milieu d’un champ , au pied d’un pommier , que Mr l’aumônier a célébré la sainte messe à 8 h.  du matin , pour tous les braves du 216è .  La veille à 4 h du soir , il nous avait confessés .  A cette messe et à cette communion nous étions bien 200 , plusieurs officiers en tête .  C’est là que les larmes se sont versées pendant que l’on chantait des cantiques ou le Credo .  Mr l’aumônier nous a mis sous la protection de notre Mère du ciel qui n’abandonne pas ses enfants de la France , ceux qui ont , comme nous , confiance en Elle .  Quelques femmes avec leurs petits enfants ont assisté à cette cérémonie , et ne peuvent non plus s’empêcher de pleurer avec nous .  AB. 

 

Bulletin paroissial du 20 décembre 1914 - N°155

Nos soldats - Les jeunes gens de la classe 1915 et quelques ajournés de la classe précédente , sont partis mardi matin : Alp.  Baudry , Georges Biton , Eug.  Baudry , Eug.  Bourdet , Aug. Bouaud , Marcel Bénéteau , pour Brest , dans l’infanterie coloniale ; Jean Marie Arm.  Tenaud , Marcel Valton, pour Paris , dans l’infanterie coloniale ; Pierre Moreau , Eug.  Pichaud , Jean Marie Piessala , Théophile Pavageau , Léon Peignon , pour Nantes , Gabriel Forget , Sam. Hégron , pour Vannes ; Jos.  Honoré du bourg , Jos.  Honoré du Paradis , J. B.  Hervouet , Jos.  Hervouet , Jean Marie Hervouet , Elie Gris, François Guillet , pour Ancennis , Aristide Goillandeau , Aug. Ganachaud pour Parthenay ; Ernest Charrier , pour Quimper , Jos. Rambaud , Charles Roy , Lucien Roy et Lucien Remaud , pour Fontenay le Comte . 

Notre Dame des armées , priez pour eux !

 

Lettre d’un blessé - Mr le Curé , Vous avez dû apprendre par ma famille que j’étais blessé et en traitement à l’hôpital temporaire de Bayonne .  Mes blessures vont beaucoup mieux ; toutefois je pense que ma blessure au genou sera longue : mais comme aucune articulation n’est blessée , le temps ramènera ce membre à son état normal . 

Nous avons eu à subir de terribles épreuves dans cette retraite de la Belgique jusqu’à Troyes , et beaucoup de camarades sont tombés pour toujours , dans le département des Ardennes et de la Marne , où enfin nous avons passé à l’offensive . 

Ce que c’est que la guerre actuelle , ceux-là seuls le savent qui ont parcouru cette terre arrosée de sang , où l’on voit partout la tuerie dans toute sa laideur , l’incendie , le vol et le meurtre de personnes innocentes .  Oui , on ne peut sans crier vengeance , voir de si horribles spectacles . 

J’ai assisté au bombardement de Reims .  Quel terrible spectacle pendant ces trois jours où les obus n’ont cessé de tomber sur cette malheureuse ville pendant que nous étions blottis dans les caves , attendant l’heure de la charge ! Enfin dans le Nord où l’on nous ensuite conduits , j’ai vu cette guerre de tranchées où la baïonnette est indispensable , et où chaque mètre de terrain est disputé avec acharnement .  Plut à Dieu que cette terrible guerre prenne bientôt fin , et que la France fière de ses succès , recouvre un peu plus de liberté , et pour longtemps la paix . 

Ici je suis très bien , nous avons des Soeurs très dévouées , ainsi que des infirmiers , prêtres pour la plupart , qui nous prodiguent aussi les meilleurs soins .  Nous avons également une chapelle où l’on peut prier , et où j’aime à remercier Celle qui m’a sauvé plusieurs fois .  En priant j’ai la joie de savoir qu’au pays l’on prie aussi pour nous , car je suis certain que vous ne nous oubliez pas .  Alph.  R. 

 

Bulletin paroissial du 27 décembre 1914 - N°156

Pour nos réfugiés - Chaque famille de nos chers réfugiés va recevoir pour le 1er de l’an , paletots , pantalons ou robes .  Pour confectionner ces divers vêtements , on a fait appel au concours de nos dévouées couturières ; mais celles-ci n’ont pu donner leur temps avant les fêtes de Noël , à cause des nombreux travaux demandés par leur clientèle ordinaire .  C’est donc pendant cette semaine , qu’elles travailleront pour les familles réfugiées . 

Lundi dernier nous avons été heureux de donner l’hospitalité à un prêtre belge , parlant flamand , qui se trouve au nombre des réfugiés aux Sables d’Olonne .  Sur l’invitation de M. le Curé , il a bien voulu venir visiter la famille Vandeeren du Gué-Bifou , dont les membres ne parlent que le flamand. 

En bons chrétiens , ces derniers se sont rendus à l’église dans la soirée , et ont profité du passage de ce prêtre , leur compatriote , pour se préparer , par une bonne confession , aux fêtes de Noël . 

 

Conseil de révision des Exemptés et des Réformés :

59 hommes de la commune de St Philbert de Bouaine se sont présentés au Conseil de Révision tenu à Rocheservière le samedi 12 décembre . 

Ce sont MM : Eugène Auneau , abbé Stanislas Caille , Fernand Cormerais , Gustave Grassineau , Aug.  Guillon , François Hervouet , Lucien Hervouet , Jos.  Leclair , Emilien Maratier , Théoph.  Pouvreau , Clém.  Richard , Amédée Sorin , du bourg ; Jean-Marie Gaboriau de la Morlière , Alph.  Baudry , Clém.  Delhommeau , de la Barretière ; Eug. Lebreton , de L’Héraudière ; Aug.  Thibaud du Breuil du Faux , Célestin Hilléreau , de la Garloupière ; Alph.  Forget de Noëlland , J. B.  Naulin , de la Mercière , Armand Mériau , du Petit Breuil ; A. Renaud , de la Flomanchère ; Amédée Chauvet du Temple ; Alcime Dugast , Arm. Baudry , Emile Choblet , Sylvain Brenon , Jos.  Jaunet , de la Gerbaudière , Louis Boutin de la Roche , Alp.  Egron , de la Blinière , Léon Pasquier du Piltier ; Auguste Nicoleau , de la Favrie ; Isaïe Sorin de la Noue Morin , Jean Rousseau , du Gué-Bifou ; Louis Garreau du Temple ; Edouard Rambaud , de la Boule ; Alcime Arnaud de la Vrignais , Durand de la Reparnière ; J. B.  Hervouet , Alex . Bretin , Dr Auguste Hilléreau , Edmond Sorin , Alex .  Delaire , François Olivier , du bourg ; Aug.  Baudry , de la Barretière ; Jules Pogu , du Brennus ; Théoph.  Caillaud , de la Noue Morin ; J. Marie Jeanneau , de la Favrie ; Alph.  et Armand Baranger , de la Couëratière , Constant Biret, du Gué Bifou ; Ernest Buet , du Petit Breuil ; Alex. Graton , de la Renaudière ; J. B.  Chauvet , de la Grimaudière ; Jacques Epiard , du Cou ; Henri Lebreton de l’Héraudière ; Morandeau , de la Reparnière ; Auguste Chavalier de Magenta ; et Jean Marie Lancien

Les 40 premiers de cette liste , ont été jugés bons pour le service , les autres ont été maintenus . 

Nos soldats : M. le Curé , il y a déjà de nombreuses semaines , qu’en gare de Saint Etienne de Corcoué , je vous disais au revoir , en compagnie de plusieurs de mes camarades.  Parmi nous , il y en a déjà beaucoup d’absents .  Sur sept que nous étions au 3ème régiment colonial , 3 ont disparus .  Il me reste donc à remercier Dieu de m’avoir préservé jusqu’ici , car c’est vraiment miracle après de si terribles combats .  Sur ma compagnie de 250 hommes , il en est peut-être resté de 50 à 60 . 

Hier j’ai eu le bonheur d’assister à la sainte Messe dite par M.  l’aumônier du régiment , dans la petite église de Mafricourt , trop petite pour la circonstance.  C’était un joli spectacle.  Chacun de nous , le chapelet à la main , invoquait Dieu de tout coeur ; à la fin de la messe , nous avons chanté un cantique à la Ste Vierge : Ô Marie , ô mère chérie, Garde au coeur des Français la foi des anciens jours : Entends du haut du ciel le cri de la patrie Catholique et Français toujours. 

Comme mes camarades , je n’ai pu retenir mes larmes , en voyant une si grande foi parmi les petits guerriers.  Que je serai heureux si je puis un jour retourner près de chez vous , pour vous raconter de si émouvants spectacles.  Demandez à Dieu de nous épargner , mes camarades et moi ; qu’il donne la victoire à notre pauvre France , et qu’il arrête ce terrible fléau qui sévit sur nous en ce moment . 

Tout à vous mon cher et dévoué pasteur : Alph. P